Kimou Meyer

La place du Temple

Je l'ai parcourue des milliers de fois dans mon enfance à Carouge, de long en large et diagonale. Elle est là, mais semble absente. C'est étrange, elle émet des ondes protestantes qui empêchent toute joie pure.

Adolphe Fontanel semble s'y ennuyer à mourir depuis 1904. Peut-être aurait-il préféré y voir la fontaine et le grand platane? La fontaine de Blavignac, elle aussi, est triste, délaissée par les enfants qui préfèrent se baigner aux Tours. Les bancs sont rarement occupés, car le risque de se faire gratter le dos par une grosse voiture cherchant désespérément une place de parking près de Chez Wolfisberg pour acheter des croissants est élevé. Sans oublier le fameux STOP sur la rue Saint-Joseph, où en 1980 la voiture de mon grand-père, sourd, a failli finir à la casse car il n'a pas entendu les cloches du tram 12 le prévenir. Mais il n'est pas le seul... rien n'a changé.

Alors, pourquoi ai-je choisi la place du Temple? Parce qu'à de nombreuses reprises pendant mon adolescence, j'y ai terminé sur un banc avec des amis, à boire des bières. C'était également l'endroit où je m'en allais bouder après une dispute avec mes parents, qui habitent toujours à deux pas.

C'était aussi un lieu pour embrasser ma future femme, Sylwia. Curieusement, la place du Temple offre un certain anonymat à Carouge, car les vrais Carougeois n'y passent pas souvent, probablement en raison du manque de bistros.

L'idée de mon dessin était de redonner un peu d'énergie à cet endroit carougeois qui en a bien besoin. Pour mon poster, je voulais utiliser un langage graphique naïf évoquant les souvenirs évasifs de mon adolescence colorée à Carouge.

Illustration digitale


Kimou Meyer est né en 1974 à Carouge.

Élevé au sein d'une famille d'architectes, Kimou a trouvé son inspiration à la fois à la maison et dans les mondes du skateboard et du hip-hop. Diplômé avec les plus grands honneurs de l'École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre en Belgique en 1999, Kimou déménage à New York pour poursuivre ces projets artistiques et commencer sa carrière dans la scène du design New Yorkais.

La même année, il forge son alter ego GROTESK pour explorer de nouveau territoires visuels sous ce pseudonyme. Kimou va naviguer les dix prochaines années entre ces multiples clients dans le streetwear et son art. En 2010, il fonde à Brooklyn le studio de communication visuel Doubleday & Cartwright qui se spécialise dans le sport et la culture. Il co-crée le magazine de sport Victory Journal.

Il va se concentrer sur des projets commerciaux majeurs, notamment le rebranding des Milwaukee Bucks de la NBA et le développement du logo et des uniformes de l'Inter Miami CF, de David Beckham.

Kimou vit actuellement avec sa femme et ses deux enfants à Portland, Oregon, où il travaille en tant que directeur créatif chez Nike et explore son prochain chapitre artistique. Parmi ses nombreuses distinctions professionnelles, Kimou compte toujours en haut de sa liste la conception de l'affiche du Festival Paléo Nyon en 1998, un projet local qui a contribué à lancer sa carrière dans les arts visuels.

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